Et si je me trompais depuis le début avec mon enfant ?
Vous êtes vous déjà posé cette question ?
Personnellement je me la pose encore, car il faut bien l’avouer (nous sommes entre nous) j’ai l’impression de faire fausse route parfois.
Est-ce que c’est grave ? Non
Mais et si nous avions juste les “mauvais” exercices pour gérer les émotions (surtout pour gérer les crises on ne va pas se mentir) de nos enfants ?
Imaginez : vous faites des exercices, toujours les mêmes. Ceux que vous avez trouvés pour vous aider à gérer les crises de votre enfant). Et ça fait un moment que vous les pratiquez avec votre enfant.
Pourtant, même si on vous a dit qu’ils étaient gé-ni-aux et qu’ils étaient mi-ra-cu-leux, chez vous ça ne donne rien, nada. Les faire ou ne pas les faire donnerait le même résultat.
Vous vous dites peut-être que vous les faites mal ou qu’il faut persévérer (encore et encore) ou juste vous êtes désespéré.e car les crises ça nous épuise (ben oui c’est pour la gestion de crises qu’on en a besoin, gérer le combo sourires-rires-paillettes-arcs-en-ciel c’est quand même moins fatiguant).
Mais je vais vous poser une question … et si vous utilisiez les mauvais exercices depuis tout ce temps ?
Oui j’aime bien poser des questions qui font réfléchir, et celle-là elle est pas mal dans le style, non ?
J’ai envie de vous mettre une petite citation pour illustrer mon propos (et je suis certaine que vous la connaissez) :
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ! »
Cela ne fonctionne pas et pourtant vous persistez … on ne sait jamais : sur un malentendu ça pourrait finir par marcher.
Vous faites bien les exercices que vous avez trouvés, vous avez vérifié et appliqué à la lettre ce qu’on vous a conseillé.
Le problème c’est que parfois les solutions que l'on pense (ou qu’on aimerait être) efficaces ne sont pas celles qui répondent aux besoins profonds.
Dans le domaine de l’accompagnement émotionnel des enfants, cette réalité est frappante.
Nous avons tendance à proposer des outils standardisés (oui oui je sais j’ai mis “nous” car je m’inclue dans le nous … je mettrai quelques bémols plus tard mais là je m’inclue), comme les exercices de respiration, sans nous demander si cela correspond réellement à leur manière de ressentir et d’exprimer leurs émotions.
Dans mes articles de blog ou sur mes réseaux sociaux, je propose des exercices standardisés car ils peuvent correspondre au plus grand nombre, je ne peux pas faire du sur-mesure si je ne connais pas un tant soit peu la personne que j’ai en face et si je ne vois pas ses réactions.
Je suis maman de trois (pré)ados (enfin ça c’est au moment où j’écris), et j’ai accompagné de nombreuses familles confrontées aux grandes (et épuisantes) émotions de leurs enfants (il faut dire que dans mes petits et grands clients, il y a bien souvent des TDAH, des troubles DYS ou du HPI, la gestion des émotions est donc un sujet récurrent au cabinet).
Une leçon essentielle que j’ai apprise et qui me fait relativiser certaines situations : les émotions sont de l’énergie en mouvement.
Pour certains enfants, cette énergie doit être libérée physiquement (et certains exercices de sophrologie ou des activités issues de la Pédagogie Neurosensorielle Neuro Gym Tonik répondent à cette problématique de mouvement et de libération des émotions).
Si cette énergie stagne, c’est comme l’eau qui stagne : elle peut croupir et peut se transformer en stress accumulé voire de l’anxiété.
Explorons pourquoi et comment adapter les exercices pour obtenir des résultats.
Pourquoi certains exercices de respiration ne fonctionnent pas toujours ?
Je suis une fervente supportrice de la respiration dans la gestion du stress, car oui cela peut être efficace … mais pas toujours. Même la respiration a ses limites.
La respiration est souvent présentée comme la solution miracle pour calmer les enfants et même les adultes. Et je suis la première à en faire l’apologie.
Mais (et oui il y a un “mais”) la réalité est plus nuancée (toujours).
Lorsqu’un enfant est en colère intense, lui demander de respirer lentement peut être inefficace, voire contre-productif.
Pourquoi ? Parce que dans ces moments-là, le corps est sous tension et cherche à évacuer l’émotion par l’action, pas par l’immobilité. En plus, si l’enfant est submergé par ses émotions, il n’est pas en capacité de réfléchir ou d’écouter ce qu’on peut lui donner comme instructions (encore moins si les instructions sont des “mais calme-toi bon sang”).
Regardez un chat qui a peur : il feule, s’enfuit ou attaque, mais il ne reste pas là à ronronner tranquillement. C’est le même chose avec l’être humain : il faut qu’on régule ce stress ou cette émotion en bougeant, en faisant participer notre corps pour décharger ce surplus d’énergie.
Quand mes enfants étaient plus jeunes (les 3), ils exprimaient parfois leur colère en frappant, en poussant, en se roulant par terre (dans la rue préférentiellement et en hurlant) et même en faisant quelque chose qui ressemblait à du catch.
Si je leur avais demandé de prendre une grande inspiration dans ces situations, je suis curieuse de voir ce qu’il se serait passé, je n’ai jamais testé mais ils m’auraient probablement lancé un jouet à la figure.
En général, j’attendais que la tempête se calme et qu’ils aient exprimé ce qu’ils avaient à exprimer. Mais bon à l’époque, je n’en savais pas autant qu’aujourd’hui et je ne connaissais pas grand chose du fonctionnement du cerveau de l’enfant ou de la gestion des émotions. Entretemps j’ai suivi des formations qui me servent quotidiennement que ce soit avec mes clients ou mes enfants.
Mais même à l’époque j’avais bien identifié que ce dont ils avaient besoin à ce moment-là : décharger, se défouler, extérioriser. Bref en deux mots, ils avaient besoin d’un exutoire physique.
Et vous savez quoi ? C’est OK si la respiration ne fonctionne pas toujours.
Et c’est aussi OK de faire autrement.
Nous avons le droit d’essayer autre chose, surtout si ce qu’on a essayé précédemment ne fonctionne pas. Même dans ces moments accordons-nous le droit à l’erreur (et ça peut casser les oreilles et la tête) et de ne pas respecter toutes les règles qu’on nous a données. Même en parentalité on peut sortir du cadre.
Adapter les solutions à chaque enfant : faites votre propre recette
En parentalité, on est souvent confronté à des injonctions : "faites ci, faites ça" ou plutôt “fais pas ci fais pas ça”, comme si chaque technique devait fonctionner à coup sûr, sur tout le monde et à chaque instant !
Dans la vraie vie, chaque enfant est différent, les situations sont complexes, et les "recettes miracles" n’existent tout simplement pas.
Il m’est arrivé (et m’arrive encore) de faire l’inverse de ce qui serait conseillé, tout simplement parce qu’à ce moment-là j’ai l’intuition que c’est ce qu’il faut faire avec mon enfant.
Il est temps de redonner une place à notre libre-arbitre, à notre intuition de parent et à notre jugeotte, vous savez le bon sens qu’on a tendance à oublier facilement.
Si une technique ne fonctionne pas, cela ne signifie pas que vous avez échoué.
Cela veut juste dire que vous l’avez testée et qu’en l’état cela n’a pas fonctionné. La technique n’est pas forcément à remettre en cause, mais vous non plus.
Cela signifie simplement qu’il faut adapter la stratégie ou en changer. C’est d’ailleurs ce qu’on voit ensemble en coaching.
Voici quelques pistes en fonction de la situation :
a) L’enfant frappe ou pousse :
Pour aider un enfant qui extériorise sa colère avec ses bras, il est essentiel de solliciter le haut de son corps.
Par exemple, faites-lui faire des push-ups ou proposez un exercice face à face où vous placez vos paumes contre les siennes et le laissez vous pousser tout en résistant.
Entourez-le de vos bras et laissez-le se libérer doucement de votre emprise (toujours avec son consentement).
b) L’enfant court ou donne des coups de pieds :
Lorsque la colère s’exprime par le bas du corps, il est utile de canaliser cette énergie par des exercices ciblant les jambes.
Par exemple, faites-le sauter sur place (il y a 2 exercices en sophro que je montre à mes petits clients et qui marchent bien : le polichinelle et la crise) ou proposez un jeu de poussée avec les pieds où vous offrez une résistance contrôlée.
Se détacher des "recettes à la mode" en parentalité
Nous vivons dans une époque où les conseils parentaux abondent sur les réseaux sociaux, les livres et les blogs.
Certains conseils sont présentés comme des "must-have" que l’on doit absolument appliquer pour être un bon parent. Mais avez-vous remarqué que dans d’autres domaines, nous nous détachons de plus en plus des injonctions rigides ?
Par exemple, en nutrition ou en bien-être, beaucoup adoptent une approche personnalisée, adaptée à leur mode de vie et leurs besoins. Bien sûr certaines règles de base restent et offrent un cadre, mais on s’autorise à adapter le reste.
Alors, pourquoi pas en parentalité ? Pourquoi ne pas nous faire confiance et adapter ce qui fonctionne pour notre famille ?
Le bon sens peut parfois nous faire défaut parce que nous cherchons à être parfaits ou parce que trucmuche (qui est le ponte du moment en parentalité) a dit que , mais il est important de se rappeler que l’expérience et l’observation directe de nos enfants valent bien plus qu’une "recette à la mode".
Je ne dis pas que les recettes à la mode ne sont pas bonnes, mais ce que je dis c’est qu’elles ne fonctionnent pas toujours ou quon n’est pas forcément en phase avec elle. D’ailleurs au cabinet, avec les parents, je donne un cadre et des grands principes. Mais je préviens toujours pour dire que cela ne marchera pas tout de suite ou pas toujours, que l’important est de tester et d’en rediscuter pour voir ce qui est positif, ce qui l’est moins, ce qu’ils en ont pensé … Bref j’applique le test and learn (and adapt) aussi dans la parentalité et au cabinet. Bref une Parentalité Agile.
Les bienfaits à long terme d’une approche personnalisée
Cette méthode de Parentalité Agile permet de tester différentes choses, de s’adapter à chacun et à chaque famille.
L’observation est la clé dans cette parentalité.
En adaptant les exercices au type de mouvement de l’enfant, vous permettez une évacuation naturelle de l’énergie émotionnelle. Cette approche prévient l’accumulation des émotions, réduisant ainsi le risque de problèmes à long terme tels que l’anxiété ou la dépression.
Certains enfants sont très connectés à leur corps, ce qui est une vraie force. Mais si on ne leur apprend pas à canaliser leurs émotions de manière physique et adaptée, cette force peut devenir un fardeau. En leur offrant des moyens de décharger leurs émotions sainement, vous leur évitez de devenir des "champions de l’accumulation", ces adultes qui compensent leur surcharge émotionnelle par des troubles de l’humeur ou des comportements évitants.
Osez essayer, osez adapter !
En parentalité, il est normal de ne pas trouver tout de suite la bonne solution. L’important est de ne pas avoir peur d’essayer autre chose, de sortir des sentiers battus et de vous faire confiance.
La prochaine fois qu’une recette ne fonctionne pas, posez-vous cette question : est-ce que je peux l’adapter à ma manière ? Souvent, la réponse sera oui.