Stéphane Lhuillier, Hiccopampe - Coaching for Family - Paris 5

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Pourquoi les parents doivent mieux gérer leurs émotions pour que les enfants gèrent mieux les leurs

Les enfants sont de véritables éponges émotionnelles.

Pourquoi je commence cet article par cette phrase (à part le fait que c’est 100% vrai) ?

Imaginez que les émotions sont des liquides et que ça déborde parce que le seau est percé ou parce qu’il y a trop de liquide ou que le joint est mort.

Vos enfants viennent essuyer ce qui déborde et absorber ce trop-plein de liquide.

Le problème c’est qu’en fait ils absorbent nos émotions sans pouvoir faire la différence entre nos émotions et les leurs.

En plus comme toute éponge, il faut les exprimer pour qu’elles ne finissent pas par pourrir.

Sauf qu’on oublie de le faire ou qu’on ne sait pas le faire, on ne nous l’a jamais appris.

Nos enfants observent et absorbent le comportement de nous, leurs parents, y compris la manière dont nous réagissons aux situations stressantes ou émotionnelles.

Et je ne sais pas pour vous mais moi je n’ai appris que récemment à ne pas me laisser submerger par le stress et mes émotions. C’était loin d’être naturel pour moi et je n’avais jamais pris le temps d’y réfléchir ou d’apprendre à le faire. Je l’ai appris en méditant, en faisant de la cohérence cardiaque et de la sophrologie. Je l’ai appris en apprenant la CNV. Je l’ai aussi appris en prenant soin de moi. Mais là je vais un peu trop vite … tout cela sera expliqué dans l’article.

Gérer ses émotions en tant que parent est essentiel pour permettre à ses enfants d'apprendre à réguler les leurs.

En effet, les enfants apprennent en observant et en imitant leurs parents.

Si un parent réagit de manière impulsive ou laisse la colère dominer, l’enfant intégrera ces comportements. Le '“fais ce que je dis mais pas ce que je fais” ne marche pas : les enfants nous copient, nous imitent, c’est comme cela qu’ils apprennent.

Donc un parent capable de gérer ses émotions montre un modèle sain de résilience et de régulation émotionnelle.

Mais attention, être capable de gérer ses émotions ne signifie en aucun cas être zen en toutes circonstances. Apprendre à gérer ses émotions c’est aussi les accepter, se mettre en colère mais en conscience, être triste et pleurer... Gérer ses émotions ne veut pas dire les taire, bien au contraire. C’est les accueillir et les vivre pour ce qu’elles sont : des messages qu’il nous fait apprendre à voir et à décoder.

L’exemple est la meilleure leçon

Les enfants sont des observateurs actifs de leur environnement.

Le premier enseignement des enfants en matière de gestion des émotions vient des personnes qui les entourent, principalement leurs parents.

Si vous êtes souvent dépassé par vos émotions, il y a de fortes chances que votre enfant le soit aussi.

Les recherches en psychologie du développement montrent que les enfants apprennent majoritairement par observation et imitation.

Ils observent comment leurs parents réagissent face à la frustration, à la colère, ou à l’anxiété, et ces comportements deviennent leurs modèles de gestion des émotions.

Voici un exemple concret :

Si, en tant que parent, vous élevez souvent la voix lorsque vous êtes stressé.e ou que vous réagissez de manière impulsive à des situations tendues, votre enfant peut adopter le même comportement lorsqu’il se sent submergé par ses propres émotions.

Comment je le sais ? Jusqu’à récemment je gérais très mal mes émotions : soit je ne les exprimais pas et je ressemblais à un robot, soit j’explosais quand ça devenait trop. Et bien, mes enfants faisaient la même chose.

Rassurez-vous, la gestion des émotions s’apprend (à tout âge)

Montrez à votre enfant des stratégies saines de gestion des émotions.

Lorsque vous ressentez de la colère ou de la frustration, faites une pause, respirez profondément et exprimez calmement ce que vous ressentez.

Et si vous avez besoin de crier, faites-le … mais pas sur votre enfant. D’ailleurs il y a un exercice que j’ai appris de mes formatrices de sophro qui s’appelle le cri muet et qui est hyper efficace (et silencieux). Si vous voulez savoir comment le faire, laissez un commentaire ou envoyez-moi un message. Je vous dirai en quoi il consiste.

En agissant ainsi, vous montrez à votre enfant qu’il est possible de réguler ses émotions sans exploser. Vous lui montrer qu’il y a d’autres manières de faire. Pour cela la sophrologie est une technique formidable car elle s’adresse à tout le monde, enfant comme adulte. Et pour apprivoiser ses émotions c’est juste top.

Le stress parental influe directement sur l’enfant

En disant ça je ne veux pas vous faire peut ou vous culpabiliser. ce n’est absolument pas l’idée. Je veux juste expliquer les choses telles qu’elles sont et qu’elles peuvent se passer, vous offrir un nouveau regard sur des situations que vous avez vécues et qui peut-être sont un peu trop récurrentes ou présentes à votre goût. Je le dis d’autant plus facilement que j’ai vécu ces situations … et que je suis même allée jusqu’au burn-out. Donc le stress parental je l’ai bien connu et je l’ai même partagé avec mes enfants. J’ai vu le résultat qu quotidien mais j’ai aussi vu qu’on pouvait changer cela et assez facilement et rapidement.

Le message que j’aimerai faire passer : un parent qui ne maîtrise pas ses émotions peut transmettre ce stress à son enfant, créant ainsi un environnement anxiogène à la maison. Cela crée un environnement délétère dans lequel personne ne s’épanouit.

Cela peut même rendre l'enfant plus susceptible de réagir de manière excessive face à des frustrations mineures.

Des études montrent que les enfants élevés dans un environnement où les émotions sont gérées calmement développent une meilleure résilience et une meilleure gestion du stress.

A l’inverse, un parent stressé ou en colère de manière récurrente peut involontairement transmettre ce stress à son enfant, qui, à son tour, peut avoir du mal à gérer ses propres émotions. Et j’irai même plus loin : comme votre enfant sentira votre stress et sera lui-même stressé, il cherchera le moyen de vous faire décharger. Et un des moyens qu’il a à sa disposition : appuyer sur le bon bouton pour vous faire exploser. C’est comme si votre enfant savait que vous avez besoin d’exploser et qu’il vous donnait l’autorisation d’exploser en faisant une crise de colère ou une bêtise ou en ne mangeant pas ou … je vous laisse remplir les blancs après avoir réfléchi aux moments où vous explosez.

Imaginez une situation où, en raison du stress du travail, vous revenez à la maison irrité.e et que vous réagissez brusquement aux petites bêtises de votre enfant.

Sans compter que votre réaction n’a finalement que peu de rapport avec la dernière situation vécue. Sauf que votre enfant n’a pas reçu le mémo et que lui ne comprend pas ce qui se passe. Ne comprenant pas votre frustration, votre enfant pourrait se sentir coupable, anxieux, ou répondre avec de la colère. Bref pas top et l’engrenage commence à tourner.

Ma recommandation de coach-sophrologue ?

Prenez soin de votre propre bien-être émotionnel avant de gérer les émotions de vos enfants.

Si vous vous sentez stressé.e ou en colère, prenez un moment pour vous recentrer avant d’interagir avec eux.

Cela peut inclure des techniques de respiration profonde, une petite marche pour se calmer, ou même un moment de silence pour retrouver votre équilibre émotionnel.

Perso quand je sens que je déborde, je préviens mes enfants que je suis sur le point de déborder et que j’ai besoin d’être seule pour me recentrer (et j’utilise des techniques de respiration ou la sophro ou la méthode TIPI pour me calmer).

Mes enfants font comme moi d’ailleurs quand ils sont en surcharge émotionnelle : ils ont besoin d’être seuls pour se recentrer et surtout ils expriment leur besoin d’être seuls.

Créer un climat de sécurité émotionnelle

Les enfants ont besoin de sentir que (toutes) leurs émotions sont acceptées et comprises.

Lorsque les parents restent calmes et présents face aux émotions de leurs enfants, cela crée un espace sécurisé où ces derniers se sentent libres d’exprimer leurs émotions sans crainte de réactions extrêmes ou de rejet.

Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises émotions, il y a des émotions qui sont agréables à vivre et d’autres moins, mais toutes sont utiles.

Accueillir les émotions de votre enfant quelle qu’elle soit favorise une communication plus ouverte et une gestion émotionnelle plus saine.

Les enfants se sentent d’autant plus en sécurité qu'ils savent que leurs parents sont capables de gérer les situations difficiles de manière calme et rassurante.

Si votre enfant se met en colère et fait une crise, et que vous répondez calmement plutôt qu’avec de la colère ou du rejet, il apprendra qu’il peut exprimer ses émotions tout en étant accepté et compris.

Lorsque votre enfant est submergé par ses émotions, asseyez-vous avec lui et validez ce qu'il ressent.

Dites-lui par exemple : « Je vois que tu es vraiment en colère. Parlons de ce qui se passe. » En restant calme, vous lui montrez que les émotions peuvent être gérées dans un cadre de sécurité.

Je mettrai juste un bémol : quand les émotions ont déjà débordé, votre enfant n’est pas en capacité d’écouter un discours rationnel. Ce n’est pas le bon moment pour lui parler. Il faut d’abord que le calme revienne, qu’il se recentre pour être en capacité d’écouter et de parler.

Dans ces cas-là voyez avec lui ce dont il a besoin : être seul, écouter de la musique, hurler, avoir un câlin, déchirer des feuilles, faire des respirations de sophrologie … la priorité est de décharger le stress pour revenir à soi. Et ensuite vous pouvez en parler.

Les émotions parentales influencent directement les capacités de régulation des enfants

Les enfants qui grandissent avec des parents capables de réguler leurs propres émotions ont tendance à développer de meilleures compétences en gestion des émotions eux-mêmes.

Et là encore réguler ses émotions ne signifient pas ne pas les vivre ou les mettre sous cloche.

Les études montrent que les parents qui pratiquent régulièrement des techniques de gestion du stress, comme la pleine conscience ou la respiration profonde, ont des enfants plus résilients face au stress. D’ailleurs eux-mêmes sont plus résilients et s’adaptent plus facilement.

Si vous adoptez des techniques comme la cohérence cardiaque, la méditation ou le yoga pour gérer votre propre anxiété / stress, votre enfant peut non seulement observer et imiter, mais aussi bénéficier de l’atmosphère calme que vous instaurez à la maison.

Vous en sentirez les effets à court terme, moyen et long termes sur vous-même mais vous en verrez aussi les effets sur toute la maisonnée.

Mon truc de coach-sophrologue ?

Introduisez des rituels quotidiens de gestion du stress pour toute la famille. Pas forcément des moments longs, 5 minutes peuvent suffire.

Cela peut inclure des moments de détente ensemble, comme une méditation guidée ou des exercices de respiration que vous pratiquez ensemble avant le coucher.

Ces moments renforcent non seulement la régulation émotionnelle de l’enfant mais aussi le lien familial.

Le rôle amplifié pour les parents d’enfants avec TDAH, HPI, ou troubles Dys

J’aimerai faire un focus particulier pour les familles “atypiques”. Pour les parents d'enfants étant HPI ou ayant des troubles neurodéveloppementaux tels que le TDAH, ou les troubles Dys, la gestion des émotions est encore plus cruciale.

Pourquoi ? Ces enfants sont souvent plus sensibles aux signaux émotionnels et peuvent avoir du mal à réguler leurs propres émotions en raison de leurs spécificités.

Les enfants ayant un TDAH, par exemple, réagissent plus impulsivement et imitent souvent les réactions émotionnelles de leurs parents (qui eux-mêmes êuvent avoir un TDAH). En fournissant un modèle de calme et de maîtrise émotionnelle, les parents offrent à leurs enfants des outils précieux pour gérer leurs propres défis émotionnels.

  • TDAH : Les enfants ayant un TDAH peuvent avoir des réactions plus impulsives et avoir du mal à gérer leur frustration. Si un parent réagit avec colère ou impatience, cela peut exacerber les réactions impulsives de l’enfant, rendant la gestion émotionnelle encore plus difficile.

  • HPI : Les enfants à haut potentiel intellectuel (HPI) ressentent souvent les émotions de manière plus intense. Ils peuvent facilement capter les signaux émotionnels de leurs parents. Si ces derniers sont souvent submergés par leurs propres émotions, cela peut renforcer l’anxiété ou la détresse de l’enfant.

  • Dys : Les enfants ayant des troubles "Dys" peuvent éprouver des frustrations accrues dues à leurs difficultés spécifiques, que ce soit à l’école ou dans la vie quotidienne. Si leurs parents ne gèrent pas bien leur propre stress, cela peut amplifier le sentiment de frustration de l’enfant.

Pour les parents d’enfants ayant des besoins spécifiques, il est encore plus important d’adopter des techniques de gestion des émotions, telles que la pleine conscience ou l’autorégulation, afin de fournir un environnement émotionnel stable et rassurant pour l’enfant.

Ces enfants ont besoin de se sentir soutenus, compris et guidés dans leur propre cheminement émotionnel, et cela commence par l’exemple que donnent les parents.

Si je devais résumer : un parent émotionnellement régulé = un enfant émotionnellement équilibré

Apprendre à gérer ses propres émotions est non seulement essentiel pour son propre bien-être, mais aussi pour offrir à ses enfants un modèle de gestion émotionnelle positive. Cela favorise un climat familial harmonieux et aide l'enfant à développer ses propres compétences en régulation des émotions.

Si vous vous sentez dépassé par la gestion émotionnelle, des ressources existent pour vous aider, notamment des techniques comme la pleine conscience ou le coaching parental.