Stéphane Lhuillier, Hiccopampe - Coaching for Family - Paris 5

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Le confinement : ras-le-bol, sur-charge mentale ... mais aussi l'art de se ré-inventer

Lundi c’est la rentrée (en tous cas pour une partie des enfants) … une rentrée confinée mais une rentrée quand même surtout que cette rentrée annonce la “vraie” rentrée, celle où les enfants vont reprendre le chemin de l’école … ou pas. Certains, parents et/ou enfants, l’espèrent vraiment, d’autres moins.

En revanche, à lire la presse, les réseaux sociaux ou les blogs, pour certains (et plus particulièrement certaines) le 11 mai (s’il a lieu) annoncera la libération … certaines entonneront peut-être un “libérée, délivrée” ce fameux premier jour d’après, et pas juste parce qu’elles sont fans de La Reine des Neiges.

Le titre d’un article de Madame Figaro sur ce sujet est assez parlant :

Charge mentale en confinement : "L’impression de vivre la vie d'une femme au foyer des années 1950"

Mais au fait pourquoi tous ces articles sur les femmes et le confinement ?

Nous avons beau être des super-mamans, avoir l’habitude de gérer le quotidien en plus de notre job mais là le ras-le-bol monte.

Le cumul des mandats est difficile à gérer : avoir une casquette de maman, une casquette d’institutrice (de ses propres enfants… arghhh) et celle de salariée (ou entrepreneure) peut être dur, de temps en temps on peut avoir l’impression de tout faire de manière un peu superficiel. Le multi-tasking a un côté frustrant ! Mais ajouter à cela les contraintes du confinement, ses interdictions et son manque d’échappatoire … l'équation est lourde.

une charge mentale accrue avec le confinement

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi “confinement” ça veut dire que je dois jongler entre

📚l’école à la maison (pour 3 enfants), avec les plannings, le lien avec les institutrices des enfants, les devoirs, et puis Numéro3 est en Grande Section de maternelle donc il faut être un peu plus présente pour surveiller certaines activités comme l’écriture. Numéro3 a beau être autonome et indépendante, elle demande à avoir des temps avec maman et quand elle n’a pas eu son quota elle le fait bien sentir. En plus, elle commence à lire et a besoin d’être accompagnée dans son apprentissage, elle est en demande. Du coup je m’adapte mais cela demande du temps et de la disponibilité. J’assiste à un grand bond de sa part et c’est chouette mais c’est une chose que je n’avais pas autant anticipé.

🥦des repas plus nombreux et si possible équilibré (quand je suis toute seule à midi je ne m’occupe pas vraiment des horaires de repas, c’est en fonction des rendez-vous que j’ai et puis parfois c’est quelque chose sur le pouce un peu bricolé). Et je peux vous dire que quand les enfants ont faim il faut aller vite vite vite, sinon ça peut dégénérer … et très vite. Un besoin physiologique non assouvi entraîne des comportements dérangeants ou des crises. La prochaine fois que votre enfant crie, fait une crise ou se dispute, essayez de voir si tous ses besoin physiologiques sont remplis (a-t-il sommeil ? a-t-il faim ? soif ? chaud ? froid …personnellement quand je commence à avoir faim je peux devenir rapidement schtroumpf grognonne, je ne serais mal placée pour leur jeter la pierre). Mais les besoins des enfants feront l’objet d’un autre article. Il faut penser aux repas, et du coup aux courses qu’il faut faire en conséquence. On essaie d’aller une fois par semaine maximum faire le plein. Cela demande une organisation encore plus poussée que dhabitude.

🖥le travail (assurer mes rendez-vous à distance, les préparer et aussi j’en profite pour faire quelques formations à distance ou lire des livres spécialisés). Rajouter qu’en tant qu’entrepreneure la période est à l’incertitude, c’est assez stressant. Mais il y a toujours des choses à faire qui demandent du temps : écrire des articles, optimiser mon site internet, faire l’administratif et la compta, prendre ma casquette d’apprentie Community Manager… Et tout ça en pointillés, ce qui est selon moi le plus difficile. J’ai besoin de concentration pour certaines tâches et de me plonger vraiment dedans et ce n’est pas toujours possible. C’est dans ces moments que je suis contente d’avoir des outils et des techniques à ma disposition pour réguler ce stress, m’aider à me concentrer et prendre un moment pour moi. Sinon j’ai trouvé une solution : je travaille une fois les enfants couchés.

🎲🧹et il y a tout le reste aussi le ménage, les lessives, les jeux en famille … et les disputes (même si j’attends de voir comment cela tourne avant d’intervenir et de leur laisser le temps de trouver une solution, je suis attentive et reste vigilante).

N’oublions pas non plus les jolis moments, car jolis moments il y a !

👨‍👩‍👧‍👦Heureusement il y a aussi les bons moments. J’adore cette vie à 5 où il n’y a pas le stress des trajets, où nous sommes tous ensemble, où je vois grandir mes enfants et les vois progresser, faire du vélo, inventer des jeux ensemble, se construire des souvenirs, les moments où je leur lis des histoires, où c’est eux qui m’en racontent, les podcasts que nous écoutons ensemble, les séances de sophrologie que je fais avec les enfants, des moments où on cuisine ensemble et où on fait des tests culinaires plus ou moins réussis, où l’on fait des tests potagers avec plus ou moins de succès.

📆 OK j’ai dû repenser tout notre quotidien qui a été chamboulé du jour au lendemain. Mon organisation habituelle roule, bon an mal an, mais en temps normal j’ai de l’aide extérieure que ce soit pour les enfants ou pour une partie de la logistique de la maison. Là confinement oblige nous sommes toute la famille réunie tout le temps. Les règles du jeu sont nouvelles, mais finalement est-ce si désagréable de sortir de la routine ?

D’abord mon mari est là (il y a des périodes où il est beaucoup en déplacements, du coup pour ça c’est un net plus) et met la main à la pâte (j’ai de la chance) … il y a quand même un mais : parfois même s’il est physiquement présent, il bosse et n’est donc pas vraiment là … mais ce n’est pas tout le temps non plus.

Et puis les enfants aussi ont appris à faire leur part, à rendre de petits services : mettre la table, débarrasser, faire la cuisine (avec moi), ranger leur linge, passer l’aspirateur dans leur chambre, faire les vitres (je sais j’ai de la chance ils adorent faire ça et réclament à le faire), arroser les plantes, … Nous avons même ensemble fait un planning pour les bains (qui est le premier ? qui est le dernier ? qui rince la baignoire ? que des petits détails mais ces détails les perturbaient et généraient des conflits, des discussions sans fin). Petite résolution de problème tous ensemble autour de la table et zou c’est parti : le planning est là, il a été accepté par tous et il est respecté après avoir été affiché sur la porte !

Avec le confinement, je révèle ma créativité et mes enfants aussi. Et j’aime assez, il y a un côté très satisfaisant au fait de trouver ensemble des solutions et ne pas avoir à les imposer (au risque qu’elles soient rejetées).

Pensez à lister vos bons moments

Et si vous pensiez à ces bons moments du confinement, quels seraient-ils ? ou alors ce que ce confinement vous aura apporté ou vous aura appris sur vous-même et sur votre famille ?

Première étape : faites une liste de vos 3 bons moments du jour, petits, moyens, grands qu’importe !

Besoin d’exemples ? ça peut être le réveil au chant des oiseaux, ce coup de téléphone à une amie que vous n’avez pas vue depuis longtemps, le câlin du matin avec votre enfant pour lequel vous prenez du temps car vous n’êtes pas pressé.e, l’arc-en-ciel que vous avez aperçu après la pluie, cette photo que vous avez vue sur whatsapp ou cette vidéo qui circule sur internet et qui vous a fait rire, la gâteau que vous avez fait et qui est juste à tomber, le fait d’avoir trouver des oeufs après avoir vu les rayons vides pendant plusieurs jours …

Juste 3 bons moments quotidiens que vous noterez consciencieusement dans un carnet, un cahier ou que vous direz en famille (ça peut être l’occasion d’échanger lors du repas familial, même les petits se prêtent au jeu, ils aiment bien ce rituel. Je le faisais au moment du coucher à un moment). Tous les soirs accomplir cela comme un rituel.

Le poids de la pression sociale

Et puis il y a aussi le stress de l’école à la maison et la pression sociale ou alors celle que l’on se met à soi-même.

Les “il faut” que l’on se met, les “yaka”. Toutes ces pensées limitantes et parasites de notre quotidien qui nous polluent la vie, et notamment les pensées sur l’école. Le prof a dit donc il faut faire. Et puis comment va faire mon enfant s’il ne fait pas tous les exercices ? Il va être à la traîne, avoir de mauvaises notes …

Ce poids là existe déjà en temps normal mais là il est exacerbé, le poids de la pression sociale qui jauge notre rôle de parent à l’aune des notes et de la réussite scolaire de nos enfants.

L’école à la maison est vécue différemment suivant les enfants et les familles : angoisse de mal faire, enjeu narcissique de réussir à faire travailler son enfant, culpabilité des parents quand ils n’y arrivent pas ou quand leur enfant ne comprend pas (… “et pourtant c’est facile, son frère sa soeur son copain y arrive sans problème lui”) … ce poids peut prendre différentes facettes mais dans tous les cas la facette de l’anxiété de performance est bien présente.

Bien élever ses enfants passe par une scolarité sans accroc et donc des bonnes notes !

Dans son article, Confinement et « école à la maison » : parents d’élèves au bord de la crise de nerfs - Le Monde nous livre une analyse intéressante et surtout nous montre des parents un peu perdus et qui se sentent coupables.

 « Je me sens incompétente en tant que maman, avoue Sarah. Je me dis que les autres parents y arrivent bien, eux, alors qu’ils continuent à travailler. Moi, je suis mère au foyer, et je n’y arrive pas. »

Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que mon enfant risque de prendre du retard si je m’y prends mal. “

Mais coupables de quoi au juste ? de ne pas être parfaits ? d’avoir ce sentiment amer d’échec ou d’impuissance ?

A y réfléchir ça nous apprend quoi sur nous ce confinement ?

Un article de Courrier International titrait “Pression sociale. “Vous n’êtes pas obligé de faire votre pain”, ni de réussir votre confinement “ Le titre m’a amusée, le contenu aussi d’ailleurs mais surtout ça m’a fait réfléchir. Et si finalement réussir sa vie c’était de ne pas être parfait et d’accepter de ne pas réussir … du premier coup ?

En psychopédagogie positive ce précepte du “mieux vaut fait que parfait (et/ou pas fait)” est très présent. Et il ne m’a jamais semblé aussi juste !

Et si la distanciation sociale c’était aussi prendre de la distance avec les diktats de la société et ceux des réseaux sociaux, toutes ces histoires que l’on voit par le filtre de ce que l’on voit et de ce que l’on interprète - souvent à notre désavantage d’ailleurs - ? Il ne faut pas oublier que les réseaux sociaux ne sont qu’une facette de la vie des gens … et la meilleure facette ou en tous cas la facette choisie. Alors si nous acceptions d’être parfaitement imparfaits et si nous acceptions de lâcher prise notamment sur la partie école à la maison (et puis qui sait sur la partie école tout court 😉).

Lâcher prise

Pour ma part, mes enfants, notamment Numéro1, m’ont fait relativiser la partie scolaire. Il faut dire que le CP de Numéro1 a été un tel casse-tête que je me suis penchée et plongée dans le vaste sujet de l’éducation d’une manière générale, et plus particulièrement sur la partie pédagogique. Il faut dire que l’adaptation est nécessaire quand l’heure des devoirs devient un enfer, et quand l’écriture est douloureuse et qu’on sent son enfant angoissé alors que les résultats sont bons et qu'“il sait faire”.

Avec Numéro1 nous avons mis en place des stratégies pour les leçons, nous avons épelé les mots plutôt que les écrire, et surtout dès que nous sommes sortis du “cadre “ habituel, nous avons communiqué avec l’équipe éducative d’abord pour l’informer mais aussi pour voir ce que nous pouvions mettre en place à l’école pour le bien-être de Numéro1. Ce fut loin d’être évident pour moi : d’abord aller parler de ses problèmes de parents à l’équipe éducative et puis surtout demander des adaptations à l’Institution … tout cela m’a fait sortir de ma zone de confort. Mais que je suis contente de l’avoir fait ! D’abord j’ai la chance que mes enfants soient dans une école bienveillante qui a toujours cherché le bien-être des élèves et qui ont toujours fait des différenciations pédagogiques quand c’était nécessaire : PAP, PAI, dictées à trous, tiers-temps supplémentaire… et puis des adaptations ont été trouvées, et surtout j’ai appris, appris à lâcher-prise (en tous cas là-dessus) et à prendre en compte mon enfant dans son individualité, avec ses besoins, à la comprendre et à la prendre comme elle est (même si certains jours sont plus faciles que d’autres).

Dans ce même article du Monde on en parle de ce fameux lâcher prise, on en parle comme une sorte de libération, une manière de se ré-inventer et ça finalement ça a des effets plus que vertueux.

« Lâcher prise » permet aux adultes de reprendre le dessus et de sortir d’une « posture infantile » où le parent « redoute de ne pas pouvoir rendre les devoirs au maître, analyse Sophie Marinopoulos. Ceux qui y arrivent vont aller du côté de la créativité, apprendre à se dégager de ce qu’on leur demande pour faire les choses à leur manière. Lâcher prise, ce n’est pas tout laisser tomber : c’est faire différemment. »

Et si le confinement rebattait les cartes ? Si on en tirait quelque chose de po-si-tif ?

Allez petit exercice pour finir avant ou après avoir écouté cette nouvelle relaxation qui vous emmènera dans les étoiles. En plus des 3 bons moments, répondez à cette question : qu’appréciez-vous dans cette période de confinement ? qu’est-ce qui est agréable pour vous ? et pour votre famille ?

Maintenant comme promis direction les étoiles ! Embarquez pour une balade dans le cosmos, laissez-vous guider par ma voix …

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Et autre astuce valable pendant et après le confinement : pixy.family une appli ludique et efficace pour réduire sa charge mentale et répartir les tâches familiales entre les différents membres de la famille et le blog